Pour sûr, le Qatar ne cesse de faire parler de lui. Rachat d’hôtels cinq étoiles luxe, prises de participation dans de grandes entreprises françaises, rachat du PSG…Après l’économie, la diplomatie, le sport et la communication, le Qatar joue une carte inattendue, celle du tourisme ! Une destination que j’ai eu l’opportunité de tester le temps d’un week-end.
Généralement, on ne fait escale que quelques heures à Doha, le temps de changer d’avion. Seuls s’y arrêtent les hommes d’affaires. Nombre de voyageurs en provenance d’Europe, de Paris en particulier, se posent en effet à Doha. Mais c’est juste le temps de l’escale. Une heure ou deux passées dans l’aéroport international Hamad, immense centre commercial dont les néons ne s’éteignent jamais, et ils redécollent sur un vol en correspondance, destination les villes d’Asie du sud-est, des Maldives, d’Australie…Pourtant, Doha mérite que l’on s’y attarde le temps d’un week-end.
Les autorités touristiques du Qatar permettent désormais à ceux qui font escale à Doha d’y séjourner durant 96 heures grâce à un visa de transit gratuit ! L’occasion de découvrir la capitale de ce petit état du golfe Persique. Pour obtenir ce visa, il suffit de le demander au moment de la réservation du billet d’avion qui doit impérativement couvrir deux tronçons internationaux, de part et d’autre de l’escale. Il est valable au choix à l’aller ou au retour.
C’est ainsi que je me suis retrouvée durant quatre jours au cœur du Qatar pour un séjour hors des sentiers battus ! De Doha, la capitale, aux dunes du Sud, un cocktail détonant au pays du gaz (les troisièmes réserves mondiales). Un voyage débuté sous les meilleurs hospices avec un vol à bord du nouveau A380 de Qatar Airways. Et en business class s’il vous plaît 😉
Une classe affaire ultra spacieuse avec un son bar dédié et cerise sur le gâteau le wifi offert durant le vol !
Noter quand même, avant d’y poser le pied, que l’alcool y est prohibé partout, sauf au bar et à la table des grands hôtels internationaux ! La plupart des visiteurs s’en tiennent à Doha, la capitale. La ville est construite le long d’une magnifique baie de 8 km de long, bordée par une ligne de gratte-ciel dont le plus haut mesure 318 m. On dirait un concours d’architectes. Bureaux, hôtels logements, centres commerciaux, se succèdent sans discontinuer.
Doha, ville choc, fascine dès qu’on pénètre sur la Corniche, une Promenade des Anglais de 8 kilomètres de long qui longe une baie profonde. Malgré les palmiers, la similitude s’arrête là. Vous n’êtes pas à Nice mais plutôt… au XXIIe siècle, comme l’atteste l’incroyable skyline !
Un quartier de la Défense puissance dix, futuriste, aux élans architecturaux sans limites. Un front de mer de folie qui révèle sa magie la nuit dans un feu d’artifice de lumières né des variations sans fin des couleurs des tours. Les couchers de soleil y sont tout juste magiques ! Je vous laisse voir en image, c’est plus parlant 😉
Du jardin public, où sont donnés des concerts de jazz au bord de l’eau, le spectacle est irréel. La Corniche est le lieu de rendez-vous du Tout-Doha. On y vient en couple, les femmes entre amies ou en famille pour pique-niquer. Joggeurs et joggeuses en tenues fluorescentes croisent des femmes en abaya et hijab noirs.
Chaque matin, près du musée des Arts islamiques, se tient un marché aux poissons colorés. Thons, daurades et barracudas aux mâchoires impressionnantes s’y marchandent sur fond de skyline qui miroite au soleil…
La débauche architecturale est le point fort de Doha. Elle est omniprésente, spectaculaire mais toujours de bon goût. Que ce soit pour les tours, les musées, les hôtels ou les installations sportives, les Qataris n’ont qu’un seul et unique critère: l’excellence. Suffit de voir ne serait que la superficie de ma chambre d’hôtel pour s’en convaincre 🙂 .
Le musée d’Art islamique, petit bijou signé du célèbre architecte Pei (celui-là même qui a réalisé la Pyramide du Louvre à Paris), allie modernisme et moyen-orientalisme.
Les lignes et les volumes géométriques épurés permettent au soleil de jouer toute la journée un jeu d’ombres et de lumière.
A l’intérieur, des passerelles de verre amplifient le volume des quatre niveaux du musée.
Le cinquième? Il abrite Idam, le restaurant… d’Alain Ducasse, mis en scène par Philippe Starck. Toujours l’excellence !
D’une superficie de 35 000 m2, répartis sur cinq niveaux, il accueille 5000 m2 d’expositions, de salles d’enseignement et conservation, d’une bibliothèque, d’un restaurant et d’une boutique. C’est à l’architecte français Jean-Michel Wilmotte qu’est revenu l’aménagement des galeries en U aux deuxième et troisième étage, qui privilégient la pénombre pour mettre en valeur de manière théâtrale (mais aussi pour les conserver) les œuvres d’art et les bijoux exposés dans de sobres et élégantes vitrines.
Au total, ce sont au moins 700 objets qui sont exposés, issus de la collection d’art islamique de l’émir du Qatar, cheikh Hamad Ben Khalifa Al-Thani. Ils couvrent environ treize siècles d’art islamique, du VIIème au XIXème siècle. Avec ce lieu culturel, d’un coût estimé à 350 millions de dollars, le Qatar aspire à « mettre en relief les valeurs de la civilisation musulmane et le rôle de cette civilisation dans le rapprochement entre les cultures et les valeurs humaines ».
A voir, dans un tout autre style, le Mathaf, musée d’Art moderne signé Jean-François Bodin. Et encore le Qatar National Convention Centre, édifice monumental que supportent d’énormes branches de cèdre (l’arbre de la connaissance). Le béton gagne ici des lettres de noblesse. Dans le hall d’entrée, une des araignées géantes de Louise Bourgeois (Maman, 1999) qui montre bien – tout comme la récente exposition temporaire parfois dérangeante de Damien Hirst – qu’en matière d’art, le Qatar n’a aucun tabou.
Autre oasis, culturelle celle-là: Katara. Un projet né il y a dix ans qui concentre des infrastructures culturelles aux technologies innovantes dans un ancien village reconstitué du Qatar («Katara», d’après une carte française du XVIIIe siècle). Pigeonniers, mosquées, amphithéâtre en plein air, opéra à l’italienne, théâtre d’art dramatique, salle de concert, village d’artistes, restaurants… Katara est un projet dont l’ampleur n’a d’égale que la rapidité de sa réalisation.
Le Sud, où les dunes plongent dans les eaux du golfe Persique, est le point de ralliement des Qataris le week-end (vendredi et samedi) d’octobre à avril. On s’y retrouve en bord de mer ou au cœur des dunes. Barbecue, nuit sous la tente. Comme pour retrouver ses racines, ce passé si proche et si lointain à moins d’une heure des tours de Doha qui finiront bien par décrocher la lune.
Et, à quelques minutes du site gazier de Mesaieed, dont on perçoit la lueur des torchères au cœur de la nuit. On vient aussi ici s’étourdir en s’adonnant au «sand bashing», l’escalade des dunes au volant de 4 x 4 surpuissants. Bon, je préfère vous prévenir, les dunes du Qatar sont nettement moins impressionnantes que celles de Dubaï 😉
Le désert offre des rencontres plus silencieuses et sympathiques. C’est ici que vous pourrez également envisager une balade à dos de dromadaires.
Retour à Doha. Quoi de plus magique, pour une dernière soirée, de se perdre à la tombée de la nuit dans les ruelles grouillantes du souq Waqif, une reconstruction de celui qui fut des siècles durant le cœur battant de Doha. Surtout ne quittez pas le souk sans faire le plein de dattes fraîches, de noix de cajou et de pâtisseries locales. Une absolue tuerie 😉
Ruelles impeccables, air conditionné, boutiques éclairées comme celles de l’avenue Montaigne, la tradition s’est mise aux manières du jour, le port du hijab noirs en plus pour les femmes et les petites filles (dans leur majorité !).
On croise çà et là des fumeurs de narguilé qui n’hésitent pas à nous saluer 😉 Héhé !!!
Quand ils ne dînent pas seul à seul 😉
Un restaurant iranien renommé à Doha, affiche une décoration tout en miroirs, ornements et lustres de Murano. Les rues du souk sont colorées et chaleureuses, quand tout à coup au détour d’une venelle, un cabinet de curiosités d’un registre particulier…
Un peu plus loin on arrive aux anciennes écuries royales. Aux vues des origines bédouines des Qataris, le cheval a toujours occupé une place importante au Qatar. C’est pourquoi la famille de l’émir Al Thani a milité pour hisser le pays au plus haut rang des acteurs du sport hippique. Crée en 1992 au sein d’Education City à Doha, les écuries Al Shaqab sont un vrai paradis pour ces nobles animaux. Aujourd’hui, le Qatar peut se vanter de posséder des chevaux pur-sang arabes réputés mondialement.
Un peu plus loin, on découvre une boutique dédiée aux fauconniers. Un art ancestral devenu un sport et un spectacle captivant. La rapidité du faucon (plus de 100 kilomètres-heure), son aptitude à se dissimuler en volant en rase-mottes avant de fondre sur sa proie (un leurre, lors des entraînements) sont ahurissantes. Et la complicité qui lie le fauconnier à son oiseau est émouvante…Cela me rappelle un séjour dans le petit état de Ras al Khaimah (à environ 30 mn de l’aéroport de Dubai) dans le confort du sublime hôtel Banyan Tree Al Wadi où j’ai eu l’immense privilège de passer une journée en compagnie d’une « fauconnière ». Une expérience extraordinaire que je ne suis pas prête d’oublier !
Autre lieu à ne pas manquer lors d’un week-end à Doha, la VCUQatar Art Foundation, école et galerie d’art contemporain exposant les jeunes artistes qatari.
Dernier dîner dans le cadre superbe du Ritz Carlton de Doha. Quoi de mieux pour fêter mon anniversaire 😉 .
Culture, architecture, plages (port du hijab noir recommandé 🙂 ), paysages, golf, hôtellerie de luxe, gastronomie, tradition et modernisme, francophilie – à défaut de francophonie – affichée…Le dépaysement est garanti ! Et la version Qatari de la famille à la plage, une drôlerie.
Plus de renseignements sur le site de l’Office de Tourisme du Qatar.