Lorsqu’avant de m’envoler, je me renseignais sur l’Inde, un mot revenait constamment : la spiritualité. Personnellement, je suis athée et je ne m’attendais pas à grand chose de ce côté-ci, ni illumination intérieure, ni chamboulement transcendantal. Et d’ailleurs, il n’y en eut pas. En revanche, il se passa d’autres choses.
30 000 divinités ! C’est le chiffre que m’ont donné des Indiens quand ils me parlaient de leur panthéon. Sur le net, j’ai même lu des estimations à plus de 33 millions de dieux divers… Je ne m’aventurerais pas à chercher qui du ministère de l’intérieur ou des manifestants a le compte juste, en revanche, oui, il y a des temples, des autels, des divinités de partout.
Au creux des arbres, au coin des rues, entre deux buildings, en haut d’une montagne, au milieu de la plaine ou même dans l’eau, il y a des lieux de culte. Et ce qui est sûr, c’est que nos amis Jésus ou Mahomet ne sont que deux parmi ces milliers de dieux. J’en veux pour preuve un autocollant, bien en vue au milieu du pare-brise d’un bus au Tamil Nadu, associant d’un seul bloc un Ganesh flanqué d’un Jésus et de la Mecque.
Ce qui m’a le plus marqué fut de réaliser à quel point les pratiques spirituelles sont présentes dans les activités quotidiennes. Un encens ici autour du volant avant de démarrer un camion, une prière là avant d’ouvrir son magasin, une ablution au dessus des marmites avant de servir les premiers repas, un matin dans un temple pour prier à la santé des parents, le lendemain dans l’autre pour l’examen de ses enfants. Et les voir en sortir à chaque fois avec une petite marque colorée sur le front, et hop!
L’une des visites qui s’est avérée être quasi initiatique a été celle du temple Murugan à Palani. J’y suis arrivé en plein festival, un bordel de dizaines de milliers de personnes, une foire incessante et colorée, et moi qui ne comprenais rien. Au sommet, 5 000 pèlerins au moins s’entassaient dans des queues pour voir la divinité. C’est là qu’un moine m’aperçut, abruti au milieu de la cohue, et m’emmena au cœur du sacré en m’expliquant une à une les arcanes de l’univers.
Selon ses dires, l’Homme est composé des quatre éléments que l’on retrouve sur Terre. En ce sens, nous ne serions que de simples prolongements de la Nature. Outre le corps, il me parle aussi de l’esprit, qu’il est bon d’éduquer, et puis de l’âme, que la modernité a tendance à oublier. Et si j’ai bien suivi, c’est elle surtout qu’il faut s’atteler à polir, à soigner et à alléger.
« Et toi, tu es croyant? » Euh, et bien non, pas vraiment. Je pense juste avoir une conscience écolo, et elle me dit que cette divinité dont il me parlait n’était autre que le Vivant dont nous faisons partie. Ce qui a fini par me marquer en revanche, c’est cette notion de spiritualité, une disposition d’esprit qui voit de l’humain dans ce qui n’est pas humain, dans les objets, les lieux, les gestes ou les paroles. Une façon de prendre soin de l’humanité partout où l’on veut bien la voir.
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Crédit photos : Marc Chataigner
Je crois que ton article dépeint très bien la spiritualité indienne, je pense qu’on a pas forcément besoin d’y croire pour voir à quel point ces dieux sont dans le respect de l’humanité dans son ensemble. très bon point de vue 🙂