Il y a quelques semaines Koming Up vous parlait de Régis Bulot, ex-président des Relais et Châteaux, et de sa mise en examen suite à de fortes suspicions concernant des rétro-commissions liées à des surfacturations. Niant savoir quoi que ce soit durant les premières heures de sa garde à vue Régis Bulot a finalement craqué et a reconnu les faits. Une affaire qui prend une tournure politique…
Ce sont les services fiscaux allemands qui, les premiers, ont été alertés par des factures suspectes. Le parquet strasbourgeois, prévenu par son homologue allemand, confie alors à la gendarmerie une enquête préliminaire concernant André Handwerk, représentant à Strasbourg de la société Kepner Papier, domiciliée en Allemagne et qui fournit en papier le guide Relais & Châteaux. Les résultats de l’enquête ont démontré que A. Handwerk et un autre intermédiaire Gérard Clairiot recevaient tous les ans depuis au moins 2002 de grosses sommes en espèce remises par un représentant de Kepner Papier et décaissées par le biais de surfacturations. Des fonds remis en mains propres et à 80 % à Régis Bulot…
Les gendarmes ont finalement mis à plat tout le système et, en plus des commandes de papier, ils ont mis à jour des surfacturations identiques avec d’autres fournisseurs, notamment pour l’impression et le brochage du guide Relais & Châteaux, et d’autres systèmes de remises d’espèces via un compte bancaire suisse. Au final tout arrivait sur le bureau de Régis Bulot par l’intermédiaire de G. Clairiot son homme de main. Régis Bulot a également confirmé au magistrat l’existence d’un « système de gratuité « qui pourrait conduire à des » personnalités « . Ainsi les perquisitions des enquêteurs ont permis de mettre la main sur des notes mentionnant le nom de plusieurs hommes politiques de gauche et de droite, et de chefs d’entreprises. Ils ont aussi mis à jour l’existence de plus de 6 000 vouchers correspondant à des nuits gratuites dans chacun des 500 Relais & Châteaux!!!
Dominique de Villepin voit son nom cité dans cette affaire, suite à une série d’écoutes téléphoniques dans lesquelles il apparaît 4 fois au cours de conversations avec Régis Bulot. On apprend alors que l’ex premier ministre a déjeuné en janvier 2010 avec Jaume Tapiès, actuel président des Relais & Châteaux, et un avocat; après quoi il se serait réjouit par téléphone auprès de son ami Régis Bulot d’avoir » fait (à ses interlocuteurs) une trouille dix fois au- dessus de ce qu’ils imaginaient » . D. de Villepin, qui vient de se déclarer candidat à l’élection présidentielle de 2012, ajoute: «Il y a une chose que je leur ai fait comprendre… c’est que s’il y avait un intérêt commun à la maison Relais et Châteaux, c’est que rien de tout ce qu’ils m’ont dit ne sorte jamais, ce dont ils sont convaincus»… Des propos qui laissent pantois; cependant l’homme politique nie toute implication dans cette affaire dont il » ignore tout » selon ses propos.
Le dossier d’instruction du juge Poli semble nous réserver encore bien des surprises…