Ou la dissection des riches !
Hervé Ménar, sociologue et enseignant, publie en janvier prochain aux éditions de l’Homme, un livre au titre provocateur : «Pauvres riches».
En six ans d’étude sur le monde des hauts revenus (au-delà de 10 000 euros par mois), il apporte bien des précisions sur les nouvelles habitudes de consommation d’une population estimée à un peu moins de 15 000 foyers en France. Une vision intéressante dans l’univers du voyage et des loisirs qui bouscule quelques idées reçues…
Surconsommer n’est pas le maître mot des hauts revenus qui préfèrent des notions de confort et de qualité à toute autre approche ostentatoire. «Gagner de l’argent en France reste un sujet tabou que l’on évoque entre gens de même condition», détaille Hervé Menar qui insiste sur le besoin de discrétion attendue par cette population.
« Même pour les voyages, on évite de tomber dans le superlatif au retour… Du moins dans le descriptif du voyage réalisé. C’est un signe fort qu’ils donnent à leur environnement en évitant de ne mettre en avant que leurs moyens financiers. Ils parleront de repos, de plaisir, de découvertes plus que classe affaire en avion ou de luxe exagéré à l’hôtel».
Autre idée combattue par le livre : les hauts salaires ne disposent pas forcément d’une grande fortune. Ils ont les moyens de leurs envies mais pendant des années ne se sont pas obligés à économiser. Ils vivent bien, très bien mais sans faire de folies.. Et sans bas de laine.
En cas de crise:-) ils sont les premiers à faire attention, à surveiller leurs dépenses et à ne pas faire d’excès qui les montreraient du doigt.
Dans l’univers des vacances, ils anticipent la crise et bougent leurs habitudes en quelques semaines. De la même façon qu’ils décideront en dix minutes de ne pas partir… Ils le feront tout aussi vite si l’envie d’une escapade les prend !
Seules contraintes, plus fortes que dans le reste de la population : le choix des dates souvent lié à un calendrier chargé.
«Ce ne sont pas des jet-setters habitués aux premières pages des magazines people. En France, ceux qui sont sur le devant de la scène sont à peine un petit millier», continue Hervé qui revient longuement sur l’un des changements les plus importants de ces dernières années : les vacances. «L’image forte des vacances, c’est la maison de famille sur la côte d’Azur ou la côte Basque, voire en montagne ou, plus rarement aujourd’hui, sur l’Atlantique. Le voyage, à deux ou en tribu, c’est l’événement plus rare, plus unique. Une fois par an, voire deux pour les plus jeunes. Et toujours avec cette volonté parfois ambiguë de se reposer et de faire des découvertes».
En 160 pages, l’auteur évoque un univers souvent montré du doigt et au final peu connu. Une sorte de radiographie instantanée mais mouvante d’une classe de la population française dont le voyage, aujourd’hui, attend parfois des miracles…
